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Moment de lecture en relais petite enfance

Après avoir donné la parole à Gaëlle, une assistante maternelle, nous souhaitons aujourd’hui partager avec vous le récit d’un moment de lecture en relais petite enfance parisien.

Encore, encore ! Ou pourquoi les enfants aiment tant qu’on leur lise toujours le même livre. 
Moment de lecture en relais petite enfance

Aujourd’hui, le RAM  n’accueille que deux assistantes maternelles, au lieu des quatre initialement inscrites.  

Les trois enfants présents bénéficieront donc de la présence de 4 adultes, ce qui permet une attention individuelle à chacun mais aussi des échanges entre les professionnelles présentes. 

La petite L, 27 mois, est très lectrice. Elle choisit le livre 1, 2, 3 qui est là ? et le tend à madame G, son assistante maternelle. 

Installée sur les genoux de son assistante maternelle, elle tourne elle-même les pages et soulève les volets.  Quand le personnage du loup apparaît en fin d’album, elle le pointe et demande qui c’est. Madame G lui répond que c’est le loup et poursuit la lecture. 

L. ne manifeste aucune peur, elle n’accélère pas le rythme de lecture, ne montre aucun signe de soulagement quand le livre se termine et que la quatrième de couverture est lue.
Puis elle demande de nouveau le même livre.
Madame G. relit donc le livre. Cette fois, L. passe un peu moins de temps sur chaque page et elle ne demande pas qui est le personnage.
A la fin de la lecture, elle demande une nouvelle fois ce même album.
Madame G. lui demande « encore celui-là ? on peut en choisir un autre, non ? »

La fillette accepte la proposition et va vers le bac de livres choisir un nouvel ouvrage. 

Avoir peur ou pas

Suite à ce petit moment de lecture, madame G discute avec la lectrice. Elle fait remarquer que la structure de ce livre ressemble à un autre ouvrage qu’elle a à la maison et que L. connaît bien : Délivrez-moi (Alex Sanders, école des loisirs).
Elle ajoute que pendant longtemps, la fillette avait peur de ce livre, quand il était lu à des plus grands.  Bien entendu, madame G a respecté cela et n’a jamais imposé cette lecture à Louison. Puis la petite fille a grandit et maintenant il arrive qu’elle demande qu’on le lui lise, elle a appris à surmonter sa peur en douceur. 

Moment de lecture en relais petite enfance

L’assistante maternelle et la lectrice émettent des hypothèses. Peut-être est-ce justement parce qu’elle connaît déjà « délivrez-moi » qu’elle n’a pas eu peur de ce nouveau livre aujourd’hui ? 

La lecture de ce livre lui aurait permis de dépasser l’angoisse de dévoration, courante chez les jeunes enfants et de lire aujourd’hui 1, 2, 3 qui est-là ? sans la moindre inquiétude?  Ou parce qu’elle n’a pas identifié tout de suite le personnage du loup ? Ou peut-être que le loup ne fait plus peur ? Après tout dans la littérature enfantine contemporaine on trouve plus de loups gentils ou ridicules que de loups méchants. 

La réponse n’appartient qu’à L, les adultes ne peuvent que constater que ce livre-là, ce jour-là, ne lui fait pas peur, contrairement à un autre livre, un autre jour.  

Du besoin de répétition chez les enfants

La discussion s’est poursuivie autour du besoin de répétition des enfants.
Ici la petite fille  a écouté le même livre deux fois d’affilée. Pourtant, les deux lectures n’étaient pas identiques.
La première fois il y avait la découverte d’un nouveau livre, l’effet de surprise, et un questionnement sur le personnage. Les mêmes mots et les mêmes images n’étaient pourtant pas tout à fait identiques la fois suivante. Elle savait ce qui allait suivre, pouvait se souvenir de chaque élément apparaissant sous les caches. Elle avait maintenant identifié le loup et savait qu’il finissait bredouille à la fin de l’histoire. Le rythme de lecture n’a pas été le même que la première fois, les échanges en périphérie de la lecture non plus. 

Là encore, nous pouvons faire plusieurs hypothèses sur le besoin de répétition exprimé par L.

On voit très souvent des enfants demander avec insistance qu’on leur raconte encore et encore les livres qui leur ont fait peur, et qu’ils ne craignent plus maintenant. Comme si chaque lecture permettait de confirmer qu’ils sont désormais plus forts que le personnage inquiétant. 

Les albums pour les petits se terminent généralement bien et les enfants sortent de la lecture rassurés. 

Mais les enfants demandent également qu’on leur relise des histoires qui ne leur font pas peur.
Quelle joie de revivre l’aventure qui leur a tant plu la dernière fois !  Parfois ils découvrent de nouveaux détails, accèdent à une partie du sens qui leur avait échappé.
Les nombreuses relectures leur permettent de mieux posséder l’histoire, au point souvent de la connaître par cœur. La stabilité de l’écrit, la certitude que dans le livre les choses seront toujours les mêmes sont des points d’ancrage pour les enfants, ils y sont très attachés, de la même façon qu’ils aiment leur doudou. 

Pour aller plus loin sur les livres qui font peur, vous pouvez consulter cet article

Voir aussi l’atelier L.I.R.E dédié aux albums qui font peur. 

Chloé Seguret, lectrice formatrice

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