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Bonjour Isabelle Simler,
Vous êtes diplômée des Arts Décoratifs, votre première orientation professionnelle est la publicité, puis vous vous dirigez vers le jeune public en tant que scénariste de films d’animation.
Quel élément déclencheur vous a amenée vers la littérature jeunesse ?
Isabelle Simler (I.S.) : C’est un peu le hasard des rencontres qui m’a mené vers la publicité, la presse, puis quelques années après vers le dessin animé. Toutes ces expériences ont été très formatrices et enrichissantes mais c’est lorsque je me suis tournée vers l’édition jeunesse que j’ai eu le sentiment d’avoir trouvé exactement ce que je souhaitais faire. Je crois que le déclencheur qui m’a amené vers la littérature jeunesse, est une envie de liberté de création, d’expérimentation. La rencontre avec mon éditeur, Jean Poderos qui dirige les Éditions courtes et longues, a été déterminante. Sa façon de concevoir les livres avec une grande ouverture d’esprit et une vraie exigence m’a d’emblée séduite.
Vous êtes co-autrice, avec Anne-Caroline Pandolfo, de l’album « Ma famille » aux éditions du Rouergue.
Cet album dont vous êtes illustratrice et photographe, met en scène une famille représentée par des meubles.
Comment vous est venue cette idée ?
I. S. Il s’agit d’un album que j’ai co-écrit et co-illustré il y a bien longtemps et qui était en lien avec mon projet de diplôme aux Arts déco. Le mobilier et les objets qui nous entourent ont un fort pouvoir évocateur. Une chaise ou un fauteuil, même vide, suggère une présence et peut dévoiler une personnalité. C’est cette idée qui nous a amené à imaginer cet album. J’en garde un très bon souvenir mais il est très éloigné de ce que je fais aujourd’hui.
Dans les albums suivants vous quittez la photo pour adopter un style graphique qui maintenant vous caractérise.
Pouvez-vous nous en dire plus sur la technique que vous utilisez ?
I. S.: Au tout début d’un projet, je démarre mes premières esquisses sur papier, avec des crayons de couleurs. Puis lorsque l’idée se précise, je dessine les illustrations de mes albums sur tablette graphique. Le geste est le même que sur papier mais cet outil me permet de travailler mes images plus en détail et en précision.
Vos illustrations sont lumineuses et précises, vous avez le sens du détail et réussissez à restituer à merveille les textures des animaux, des objets, les lumières dans la nature. Nous avons souvent l’impression de lire des documentaires.
Quelle est votre démarche pour apporter autant de réalisme dans vos illustrations ?
I. S. : Le dessin est pour moi un prétexte à aller regarder les choses de très près. C’est dans l’observation de la nature, son ingéniosité, son étrangeté que je trouve mes sujets. J’ai besoin de me documenter, d’entrer dans le détail, de fouiller, de comprendre le fond pour dessiner la forme. J’essaye ensuite, par le dessin, de retranscrire cette épaisseur des choses et d’amener du mouvement. Quant à la lumière, il faut surement plus d’une vie de dessin pour l’apprivoiser. Ma façon de dessiner s’est construite avec le temps et évolue au fil de mes albums. Le dessin est un apprentissage continu et c’est ce qui rend l’aventure passionnante.
Vous avez collaboré pour quelques titres avec un auteur.
Comment s’articule le travail entre vous deux ?
I. S. :Jusqu’à présent mes collaborations avec des auteurs portaient surtout sur des ouvrages très documentaires et réalistes, alors les choses étaient assez cadrées et déterminées au départ.
En ce moment je travaille sur un projet d’album poétique de Stéphane Servant. Et là je me sens beaucoup plus libre, j’explore des chemins nouveaux où son écriture me mène. Je démarre tout juste ce projet mais il m’enthousiasme beaucoup.
A L.I.R.E., nous surveillons de près les sorties d’albums d’auteurs que nous aimons pour les partager avec nos publics.
Pouvez-vous nous parler de vos futurs projets et prochains ouvrages ?
I. S. : Il y en a plusieurs…
L’équipe de L.I.R.E. propose des lectures aux enfants et aux parents, vos albums suscitent leur émerveillement, tant sur le choix du vocabulaire, que dans les petits détails, les illustrations, etc.
Est-ce une volonté de votre part d’émouvoir l’adulte, tout autant lecteur que l’enfant ?
I. S. : L’album jeunesse est bien sûr pour les enfants mais il est aussi, comme vous le dites, très souvent partagé avec un adulte. Lorsque j’imagine un livre, j’espère m’adresser à tous les âges. J’aime l’idée qu’il y ait plusieurs chemins possibles dans un album. En tous les cas, je ne cherche pas à simplifier les choses, au contraire j’aime utiliser des mots qui ont des sonorités particulières et que l’on n’utilise pas forcément dans le langage de tous les jours. Et j’ai le sentiment que les enfants apprécient le détail et la complexité des choses.
Pour vous, qu’est-ce qu’un bon livre jeunesse ?
I. S. C’est difficile à définir et plutôt subjectif. Je dirais un livre qui surprend, qui émerveille, qui vous déplace ailleurs et vous touche intimement.
Avez-vous des sources d’inspiration ou des auteurs qui vous permettent d’avancer dans votre travail d’autrice-illustratrice?
I. S. J’aime interroger notre rapport au vivant. Aussi mon travail m’amène souvent vers des lectures plutôt scientifiques.
Une dernière question pour conclure cet entretien :
Quel livre a marqué votre enfance ?
I. S. L’histoire de Robinson m’a beaucoup marqué. J’ai découvert le plaisir de la lecture en lisant « Vendredi ou la vie sauvage » de Michel Tournier.
Isabelle Simler, je vous remercie pour cet entretien, au plaisir de vous lire dans vos prochains albums.
Merci à vous de l’intérêt que vous portez à mes livres 🙂
Propos recueillis par Céline Mizier, lectrice formatrice
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